lundi 18 août 2008

Lettre ouverte à un amant potentiel

Cher jeune homme,
(car oui, vous êtes encore vert, et vous êtes indéniablement un homme)

Tout d'abord, je ne suis pas celle que vous croyez. Ça nous évitera les quiproquos. Mais vous, qui êtes-vous? Oh, je vous connais à peine, voyons. Vous pourriez être n'importe qui ; vous pourriez être l'inconnu qui répond aux sourires dans la rue ; vous pourriez être celui qui me regarde par-dessus son café ; vous pourriez être un ami, avant d'être un amant. Vous pourriez avoir mille visages. Mais vous n'en auriez qu'un, lorsque j'aurais franchi vos barrières, lorsque j'aurais fait de vous le seul que je regarde avec ces yeux-là. Je ne vous placerais pas sur un piédestal, je ne ferais pas de vous un idéal, je ne ferais pas de vous l'achèvement de ma vie. Vous seriez mon égal, mais pas comme pourrait l'être mon voisin de palier. Vous seriez le catalyseur de mes sentiments, le point convergent. Vous seriez quelqu'un dont le prénom rime avec passion, découverte, création. Avenir. Et, si le coeur vous en dit, vous seriez quelqu'un dont le nom rime avec amour ; et je vous appellerais bonheur.

Certes, c'est moi qui vous écris, mais nous serions deux. Ce serait une correspondance assidue, des lettres chaque jour, et des timbres Prior. Stephen McCauley vous appellerait "L'objet de mon affection", j'en serais simplement votre fournisseur officiel. Nous serions amoureux, communistes, glasnost à tous les étages. J'aurais pour but de vous rendre heureux, autant que possible, du mieux que je pourrais. Je voudrais savoir que le soir, en me coulant dans vos bras, votre tête est à l'endroit, et qu'en prime elle fonctionne ; je voudrais savoir qu'en vous quittant, nous songeons tous les deux aux retrouvailles prochaines. Je voudrais être celui qui vous épaule, celui qui vous protège, celui qui vous réchauffe. Je voudrais être celui qui vous donne le sourire. Je voudrais aussi, dans cette lettre, ne pas être niais et pourtant je le suis ; ne pas me vautrer lascivement dans ces lieux communs qui me répugnent tant. Mais allez donc parler d'amour, vous, qui ne dites rien.

Je voudrais surtout vous signifier par la présente, très cher jeune homme, que je vous aime déjà. Vous ne le saviez pas encore ; nous ne nous sommes probablement jamais rencontrés. Sachez que je ne suis ni à prendre, ni à laisser. Je suis juste moi, soyez juste vous. Le reste fera le reste ; il est très doué pour ça. Si d'aventure nous nous connaissions, faites-le moi savoir. J'ai beaucoup de choses à vous dire.

Veuillez agréer, jeune homme, l'expression de mes sentiments distingués.

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