n.m. (écologie) : Ensemble d'éléments caractérisant un milieu physico-chimique déterminé et uniforme qui héberge une flore et une faune spécifique.
Vous le connaissez certainement. Vous le fréquentez même peut-être ; si ça tombe, vous l'appréciez. En tout cas, si vous êtes homosexuel, vous ne pouvez qu'y avoir été confronté, au moins une fois dans votre vie. (Ou alors vous êtes soit sacrément refoulé et vous cocoonez dans le placard, soit vous habitez une île déserte - et vous ne lisez donc pas mon blog. En ce cas, je ne vous parle pas, à vous. Là.) Dans la majorité des endroits francophones que je connaisse, on l'appelle tout simplement "milieu". Le milieu gay, pour être plus précis. Dénomination intéressante s'il en est, d'ailleurs ; avez-vous déjà entendu parler d'un "milieu hétéro"? Une drôle d'étiquette ghettoïsante, pour nous qui clamons et réclamons l'égalité. Soit, ce débat n'est pas à l'ordre du jour (et ne le sera probablement jamais, je m'en fous un peu ; je n'ai pas de revendications particulières à ce sujet).
Quand on parle milieu, ça m'évoque plutôt un carcan auto-imposé, une masse de gens assumant à des degrés divers leur sexualité "hors-norme", une localisation plus ou moins géographiquement entendue où nous évoluons en terrain conquis. Le milieu, c'est tout ça, et plus encore. Le milieu, c'est une bénédiction pour la provinciale qui vient s'encanailler le temps d'un week-end, un cauchemar pour le mal-fichu et le trop gros, une ineptie pour le déviant. Car, il faut bien le dire, le milieu formate, le milieu tue la volonté, le milieu ne permet d'affirmer qu'une chose : sous toutes ces différences qui devraient nous caractériser et que nous tentons de mettre en avant pour nous démarquer du voisin, nous sommes tous pareils. Nous sortons tous au même "endroit", même s'il est vaste. Nous y faisons tous la même chose, avec plus ou moins de conviction, plus ou moins d'implication. Nous sortons. Nous croisons untel, et untel, et tout un paquet d'untels ; toujours les mêmes, d'une semaine à l'autre. Nous avons les mêmes "conversations". Nous buvons. Nous dansons, parfois. Nous baisons. Et nous recommençons.
J'entends d'ici les "Oui mais on ne sort pas pour causer philosophie!". J'entends bien. Moi non plus. Je ne dis pas que c'est ce qu'il faut faire ; d'ailleurs je ne dis rien, je n'ai rien à dire. Je m'étonne. Je réfléchis. J'analyse. Je découvre avec effroi les effets de cette autarcie nécrosante dans laquelle nous baignons. J'encaisse l'hypocrisie ambiante, les secrets, les on-dits, les rumeurs, les ragots dont se délecte une société à part qui se parfume à l'élitisme. J'appréhende la consanguinité des idées et du sexe, qui menace les chantiers sentimentaux. Je constate, enfin, qu'au bout du compte, on est tous seuls, dans le milieu.
"Ah, le petit con, écoutez-le cracher sur ce milieu qu'il fréquente assidûment depuis deux ans." Oh, mais je ne crache pas, j'ai horreur de ça. Je ne dénigre rien. Je remets mes pendules à l'heure, pour mieux réaliser ce qui ne me convient plus. Pour me dire que d'autres horizons s'avèreraient sans doute plus épanouissants pour moi. Le monde entier peut bien faire ce qu'il lui plait! Moi aussi. Et je me rends compte, peut-être un peu à l'extrême, que je ne fais pas forcément ce qui me convient, encouragé par une bonne louche de "on est vendredi, il faut que tu sortes", typiquement citadin et sans doute fort commun chez l'homosexuel que je suis.
"Ah, le petit con, il rejoint les rangs de ceux qui se gargarisent d'avoir "dépassé" le milieu, qui pètent plus haut que leurs culs et qui nous méprisent, nous, gays lambdas." Pas du tout. Je ne me prends pour rien, surtout pas pour ce que je ne suis pas. Je redécouvre mes valeurs. Je ne critique le mode de vie de personne ; je me fais mon opinion. Je repositionne mes attentes, mon angle d'attaque, et je m'apprête, le cas échéant, à n'effleurer que la surface.
"Ah, le petit con, alors qu'on l'a vu si souvent là et là!" Aviez-vous déjà remarqué? Je ne bois pas. Je reste souvent dans mon coin. Je n'ai pas d'"amis". J'entretiens conversations courtoises avec qui veut ; mais qu'ai-je rapporté chez moi une fois la porte refermée, si l'on omet le confort financier d'un ancien boulot de serveur? Pas grand chose, sauf exceptions. Et déceptions. Donner pour ne rien recevoir, se rendre compte de l'étroitesse d'esprit de certains, de la floraison en toutes saisons de relations à sens unique ; le sens du flattage de l'ego - pas le mien. Mesurez donc mon implication "là et là". Vous réaliserez peut-être que personne ne me connait, que je n'existe pas. Que si certains devaient lire ce post, j'existerais encore moins. Que je n'ai rien apporté à personne, et vice-versa. Alors? Alors, je tire mes conclusions. Appelez-moi aigri, frustré, jaloux, je m'en contrefous. Je me fais du bien, merci, et je trouve ailleurs ce qu'il me faut pour le faire.
Saviez-vous qu'au siècle dernier, le mot "milieu" désignait le crime organisé dans la langue française? Maintenant, on dit "grand banditisme". C'était ma petite touche acide du soir, bonsoir.
Vous le connaissez certainement. Vous le fréquentez même peut-être ; si ça tombe, vous l'appréciez. En tout cas, si vous êtes homosexuel, vous ne pouvez qu'y avoir été confronté, au moins une fois dans votre vie. (Ou alors vous êtes soit sacrément refoulé et vous cocoonez dans le placard, soit vous habitez une île déserte - et vous ne lisez donc pas mon blog. En ce cas, je ne vous parle pas, à vous. Là.) Dans la majorité des endroits francophones que je connaisse, on l'appelle tout simplement "milieu". Le milieu gay, pour être plus précis. Dénomination intéressante s'il en est, d'ailleurs ; avez-vous déjà entendu parler d'un "milieu hétéro"? Une drôle d'étiquette ghettoïsante, pour nous qui clamons et réclamons l'égalité. Soit, ce débat n'est pas à l'ordre du jour (et ne le sera probablement jamais, je m'en fous un peu ; je n'ai pas de revendications particulières à ce sujet).
Quand on parle milieu, ça m'évoque plutôt un carcan auto-imposé, une masse de gens assumant à des degrés divers leur sexualité "hors-norme", une localisation plus ou moins géographiquement entendue où nous évoluons en terrain conquis. Le milieu, c'est tout ça, et plus encore. Le milieu, c'est une bénédiction pour la provinciale qui vient s'encanailler le temps d'un week-end, un cauchemar pour le mal-fichu et le trop gros, une ineptie pour le déviant. Car, il faut bien le dire, le milieu formate, le milieu tue la volonté, le milieu ne permet d'affirmer qu'une chose : sous toutes ces différences qui devraient nous caractériser et que nous tentons de mettre en avant pour nous démarquer du voisin, nous sommes tous pareils. Nous sortons tous au même "endroit", même s'il est vaste. Nous y faisons tous la même chose, avec plus ou moins de conviction, plus ou moins d'implication. Nous sortons. Nous croisons untel, et untel, et tout un paquet d'untels ; toujours les mêmes, d'une semaine à l'autre. Nous avons les mêmes "conversations". Nous buvons. Nous dansons, parfois. Nous baisons. Et nous recommençons.
J'entends d'ici les "Oui mais on ne sort pas pour causer philosophie!". J'entends bien. Moi non plus. Je ne dis pas que c'est ce qu'il faut faire ; d'ailleurs je ne dis rien, je n'ai rien à dire. Je m'étonne. Je réfléchis. J'analyse. Je découvre avec effroi les effets de cette autarcie nécrosante dans laquelle nous baignons. J'encaisse l'hypocrisie ambiante, les secrets, les on-dits, les rumeurs, les ragots dont se délecte une société à part qui se parfume à l'élitisme. J'appréhende la consanguinité des idées et du sexe, qui menace les chantiers sentimentaux. Je constate, enfin, qu'au bout du compte, on est tous seuls, dans le milieu.
"Ah, le petit con, écoutez-le cracher sur ce milieu qu'il fréquente assidûment depuis deux ans." Oh, mais je ne crache pas, j'ai horreur de ça. Je ne dénigre rien. Je remets mes pendules à l'heure, pour mieux réaliser ce qui ne me convient plus. Pour me dire que d'autres horizons s'avèreraient sans doute plus épanouissants pour moi. Le monde entier peut bien faire ce qu'il lui plait! Moi aussi. Et je me rends compte, peut-être un peu à l'extrême, que je ne fais pas forcément ce qui me convient, encouragé par une bonne louche de "on est vendredi, il faut que tu sortes", typiquement citadin et sans doute fort commun chez l'homosexuel que je suis.
"Ah, le petit con, il rejoint les rangs de ceux qui se gargarisent d'avoir "dépassé" le milieu, qui pètent plus haut que leurs culs et qui nous méprisent, nous, gays lambdas." Pas du tout. Je ne me prends pour rien, surtout pas pour ce que je ne suis pas. Je redécouvre mes valeurs. Je ne critique le mode de vie de personne ; je me fais mon opinion. Je repositionne mes attentes, mon angle d'attaque, et je m'apprête, le cas échéant, à n'effleurer que la surface.
"Ah, le petit con, alors qu'on l'a vu si souvent là et là!" Aviez-vous déjà remarqué? Je ne bois pas. Je reste souvent dans mon coin. Je n'ai pas d'"amis". J'entretiens conversations courtoises avec qui veut ; mais qu'ai-je rapporté chez moi une fois la porte refermée, si l'on omet le confort financier d'un ancien boulot de serveur? Pas grand chose, sauf exceptions. Et déceptions. Donner pour ne rien recevoir, se rendre compte de l'étroitesse d'esprit de certains, de la floraison en toutes saisons de relations à sens unique ; le sens du flattage de l'ego - pas le mien. Mesurez donc mon implication "là et là". Vous réaliserez peut-être que personne ne me connait, que je n'existe pas. Que si certains devaient lire ce post, j'existerais encore moins. Que je n'ai rien apporté à personne, et vice-versa. Alors? Alors, je tire mes conclusions. Appelez-moi aigri, frustré, jaloux, je m'en contrefous. Je me fais du bien, merci, et je trouve ailleurs ce qu'il me faut pour le faire.
Saviez-vous qu'au siècle dernier, le mot "milieu" désignait le crime organisé dans la langue française? Maintenant, on dit "grand banditisme". C'était ma petite touche acide du soir, bonsoir.