jeudi 16 octobre 2008

Mens sana...

...in corpore quasi sano.

J'ai survécu! Mes cuisses et mes fesses s'en souviendront sans doute encore demain, mais dans l'ensemble, je ne m'en sors pas trop mal. Hier à 18h, je participais, un peu anxieux, à ma première séance de bodypump ; un nom qui annonçait des pratiques aussi atroces qu'épuisantes... Si l'heure qui a suivi s'est bien avérée épuisante, rien d'atroce ne m'attendait au tournant, au contraire! Je suis ravi d'avoir sué comme un boeuf, ravi de m'être senti aussi sainement fatigué, ravi d'être tant motivé à l'idée de me muscler/façonner/garder en forme! Le fait d'assister à ces séances en compagnie d'un ami m'assure en prime une bonne raison d'y aller... Riche idée! (Et de toute manière, vu que ça ne coute pas rien... Rentabilisons l'abonnement!)

Ceci étant dit, passons au reste : il semblerait que je doive vous faire un petit topo de mes activités récentes ; j'ai un peu délaissé mon blog ces derniers temps, tracasseries et autres occupations obligent, et j'en entends quelques uns qui râlent, là-bas, au fond, près du radiateur. Alors on ouvre grand ses esgourdes, voilà des nouvelles fraîches!

Mon projet se porte bien! Il a deux dents et il marche! Plus sérieusement, j'ai fixé ma deadline pour la fin du mois. Je voudrais boucler mon dossier pour les éditeurs d'ici là... Et si malgré tout je n'étais pas prêt en temps et en heure, je passerais de toute manière à la phase suivante : trouver de quoi payer mon loyer et couper les ponts avec les fonctionnaires mal zélés du chômedu! Quitte à devoir clôturer mon dossier pendant mon temps libre... Il se trouve que j'en ai marre de cette situation, et qu'un peu de sousous dans le beurre de mes épinards ne serait pas de trop! Conclusion : en novembre, quoi qu'il arrive, Flo prend un boulot! (Même s'il essaiera si possible d'éviter le vidéo-club glauque et le snack envahi par les étudiants boutonneux à midi)
Toujours dans le registre "avenir", un petit marathon-musicals à Londres s'est improvisé l'autre soir chez un ami, et ça me fait une perspective super-réjouissante pour le mois de janvier! Ça fait un moment maintenant que ledit monsieur m'initie au monde merveilleux des madames qui crient et des messieurs qui leur répondent sur le même ton ; des jolis costumes très chers et des mise en scène ébouriffantes ; des putains de voix qui vous font dresser les poils sur les bras et frissonner sous le col roulé. Un vrai bonheur! Et quoi de mieux que le West End pour se plonger dans le bain et pour apprécier à leur juste valeur les comédies musicales ? (Celui qui me répond "Broadway" ne connait visiblement pas le vide intersidéral qui menace d'envahir mon compte en banque) Anyway, je me réjouis déjà de passer ces quatre jours en Albion avec mes deux compères, et je compte bien en rapporter un paquet de moments magiques à collectionner..!
Au rayon "projets annexes", je pourrais aussi évoquer les joies de la couture..! Le concert de mon ami Antoine approchant à plus grands pas qu'il n'y paraît, je me suis engagé à lui donner un coup de patte pour la confection des costumes de ses quatre danseuses. Le deal de base était moins officiel : j'allais plutôt le regarder faire, pour apprendre un peu à utiliser la machine que j'ai reçu à mon dernier anniversaire... Mais, intérêt, altruisme et curiosité aidant, je me suis pris au jeu et j'ai décidé que, si je pouvais lui être utile, tant mieux! Et nous voilà donc lancés... Le premier set de costumes touche à sa fin (de très jolies robes cloches inspiration Hairspray), le deuxième devrait se lancer d'ici peu, dès que le pauvre Antoine aura repris un peu de poil de la bête. Pourquoi, me direz-vous? NON, pas parce que j'ai tout fait de travers et que je l'ai épuisé. Non. Mauvaises langues! Je dirais simplement que si vous avez un jour eu la joie de coudre des jupons de tulle, vous comprendrez aisément de quoi je veux parler. Quatre jupons. Deux jeunes gens dans la force de l'âge. Des pans de tulle de seize mètres de long. Des froufrous. Encore des froufrous. Froncer. Épingler. Piquer. Re-froncer. Re-épingler. Re-piquer. Désépingler. Se piquer. Pleurer. Crier. Désespérer. Recommencer. En faire un deuxième. Réfléchir. Tester. Racheter du tulle. Scalper la polonaise désagréable. Re-pleurer. Tomber d'épuisement. Dormir. Recommencer. Virer hystérique. Résultat : quatre jupons. Une quarantaine d'heures de boulot. Deux jeunes gens à bout de nerfs. Mais les jupons sont terminés, les robes vont suivre, nous sommes vivants... Il convient juste d'éviter de prononcer le mot "tulle" dans un rayon de cinq cent mètres autour de nous. Ou alors, c'est à vos risques et périls.
Dans la catégorie "projets des autres", j'appelle Madagascar à la barre. Si le plan "hôtel" en lui-même ne se déroule pas trop mal (et encore, parfois, j'ai l'impression qu'on ne me dit pas tout), on ne peut pas vraiment en dire autant des rapports inter-humains... Je parle bien évidemment de mes parents... Les bons vieux cauchemars éthyliques sont de retour, au grand dam de ma mère qui ne sait plus trop où elle en est ni où elle devrait donner de la tête... Je vous épargnerai les détails, mais je ne donne pas cher de la peau du "couple" de mes géniteurs. Ni de mon père, d'ailleurs, qui, chaque fois qu'on croyait qu'il avait touché le fond, découvre une nouvelle faille sous-marine encore inexplorée... Enfin, les kilomètres aidant, je garde mes distances et j'aide comme je peux (diverses tâches de bureau déjà évoquées plus tôt...) ; hors de question de me laisser bouffer d'une manière ou d'une autre par les soucis des autres... Il est loin le temps où je jouais les catalyseurs. Merci, mais j'ai déjà donné..!
Pour conclure (parce que bon, je me suis encore laissé emporter et je blablate comme c'est pas permis - mais au moins on ne pourra pas dire que je ne donne pas de nouvelles), je dirais que dans l'ensemble je vais BIEN!!! Certes, tout n'est pas rose, certaines personnes ne me facilitent pas la vie, toutes les situations ne sont pas gaies à vivre, mais je me sens bien, en général. De temps à autre, mes petites émotions égoïstes font tsunami et me submergent malgré moi (avec des conséquences - que je déplore - sur mon entourage, et pour lesquelles je renouvelle mes excuses), mais c'est une question d'apprentissage, de travail sur soi au jour le jour, et je pense que chaque jour qui passe m'apporte son lot d'expérience et de progrès... J'ai plutôt l'impression que ma vie est bien remplie pour le moment, et ça me comble. Vraiment. Nouveaux univers, nouveaux horizons, nouveaux projets... Et je vous ai passé les projets mineurs ou pas encore concrets (deux sites web à développer, un programme à concevoir, des hypothétiques projections, un pote retrouvé après quatre ans, une ou deux idées d'illustrations...) ; mais croyez-moi, pour le moment, ça bouge bien, ça balance même, et j'adore ça! Et les petits moments down sont bien peu face au plaisir de s'activer pour des choses et des gens qu'on aime. Ca aide à bien dormir la nuit, et à se réveiller avec le sourire... Merci à tous ceux qui me font avancer. C'est irremplaçable.

vendredi 26 septembre 2008

Echographie.

Si vous m'observiez au quotidien, vous ne pourriez pas franchement dire que je bosse. Mes blocs à dessin sont plus souvent empilés au bout de la table que sous mes yeux ; mes crayons ne sont jamais loin, mais pas forcément dans ma main. Je passe beaucoup de temps allongé dans le clic-clac à regarder le plafond. Ce qui est intéressant, évidemment (pour peu que je vous intéresse, cela va sans dire), ce n'est pas ce que je donne à voir, mais plutôt ce qui se passe en interne, dans les coulisses. Mon cerveau joue à guichets fermés en ce moment ; enfin, quand je dis "joue"... Ce sont plutôt des répétitions effrénées, des essais costumes et des castings enfiévrés. J'ai ce projet qui grandit, grandit, qui pousse, qui donne tout, pour que ce monsieur encravaté de la prod' l'engage. J'ai l'impression d'être enceint, et la gestation est longue, le travail ne se fait pas sans peine. Cette BD, car il s'agit bel et bien d'une BD, me demande beaucoup de réflexion, je tâtonne, je cherche ; l'humour, ce n'est pas donné à tout le monde. Je manque de confiance en mon travail ; pas en mon projet, mais plutôt en mes capacités, et ça me freine. Alors je réfléchis, je peaufine, je regarde le plafond et je potasse mon scénario, mes personnages, mes situations, mes décors... Je bosse. Sans en avoir l'air. Il se pourrait bien que je perde les eaux d'ici peu ; soyez assurés que vous en serez les premiers avertis.

Je vous passe pour le moment l'ordre du jour de la réunion qui a lieu dans la pièce "Moral et événements intimes divers", ça fera très probablement l'objet d'un post à venir prochainement. Je préfère essayer de me concentrer sur mon boulot pour le moment, ça évitera de devoir provoquer la naissance si je veux que ce dossier parte pour la fin octobre...

"Look at my baby and meee!"

mercredi 3 septembre 2008

Gentille

"Un jour, je serai gentille
Ronce épineuse
Froide comme un frigo vide
Une vraie saloperie que j'suis"

...Avez-vous déjà eu l'impression d'être trop gentil? Je ne parle pas d'être bête, ou d'être trop con ; pas non plus de se faire avoir par le reste du monde. Plutôt de cette sensation de se couper en quatre, de penser aux autres, de vouloir faire plaisir. Je ne parle pas non plus d'être trop gentil au point de s'oublier soi-même, et de vivre sa vie par procuration (air connu).

"Tout pour mal faire
Langue de vipère
Vas-y que j't'écrase tes doigts par terre
Vas-y que j'prie pour qu't'aies d'la haine"

Non, c'est plus compliqué. J'avoue, j'ai du mal à mettre de l'ordre dans mes idées, plus de mal encore à les retranscrire. Peur de trop en faire en voulant bien faire? Il y a sans doute de ça. Je crois pouvoir affirmer que je suis gentil. N'y voyez pas de prétention ; si je me permets de tenir de tels propos, c'est parce que j'ai bien conscience que c'est dans ma nature. Comme d'autres peuvent affirmer qu'ils sont égoïstes, ou gourmands. Moi, je sais que je suis gentil. Parce que je ne sais pas comment on fait pour être autrement.

"La méchanceté chez moi c'est inné
J'ai qu'à me laisser aller et hop
J'ai ça dans le sang, c'est génital"

Mais, quand on trouve sa vie un peu bancale, quand on ne sait pas trop vers quel rivage on vogue, comment gère-t'on le fait d'être gentil..? Je n'ai pas peur de ma gentillesse, mais de ses conséquences. Peur d'être harcelant, peur de trop donner, de déborder, de dégouliner, d'être trop attentionné. Peur d'être trop gentil. Si si.

"Mon père c'est Satan
Et ma mère, et ben c'est ma mère
Elle est pas connue"

Vous me direz probablement qu'on ne peut pas être trop gentil. Ou alors on est con. Tant qu'à être prétentieux, je suis peut-être con par moments et dans certains domaines, mais pas à ce point-là. Vous me direz aussi que c'est toujours mieux que d'être méchant. Certes!

"Un jour je serai gentille
J's'rai comme un baba au rhum
Liquoreuse, que j's'rai, un vrai poème
Une belle glace à la gentilly"

En fait, je crois que j'ai sans doute un peu peur de moi. Peur de la précarité des choses, peur de faire des erreurs. Peur de basculer, peur de perdre. J'aime mon monde ; alors s'il vous plait, si un jour vous deviez trouver un sens aux paroles ci-dessus, dites-le moi. "Flo. Tu es trop gentil." Je le saurai ; et vous m'aiderez à me construire. Je vous en remercierai. Vraiment.

"Un jour, je serai gentille."

"Gentille", Pascaline Hervéet, pour les Elles.



Découvrez !

...C'toi le perroquet.

...Si j'te l'dis!

mardi 2 septembre 2008

A surrealistic evening.



...Tout a commencé samedi soir. A priori, rien d'étrange ne m'attendait au tournant ; rien de plus que d'habitude, du moins. Et pourtant... Certes, on ne me consacrera jamais un épisode d'X-Files, pas même un petit entrefilet dans la rubrique "insolite" d'un quelconque canard local. Mais j'ai tout de même, de mon point de vue, passé quelques heures délicieusement décalées, un peu hors du temps, et l'expérience était plus qu'agréable. C'était de ces moments qui s'improvisent tout seuls, qui s'invitent dans votre quotidien sans prévenir et qui peinturlurent chaque minute qui passe couleur plaisir. Vous me trouverez fort probablement anecdotique, et je doute que l'on puisse saisir l'intensité de ces petits moments de bonheur par clavier interposé. Mais à quoi me sert mon blog, si ce n'est à raconter ma vie? Et j'aime autant, quand c'est possible, vous faire part de ma bonne humeur. Enjoy!

Tout a commencé, disais-je, samedi soir, vers 19h. J'ai entamé ma soirée par un gentil petit verre chez une amie, lesbienne de son état. Se retrouver entouré de demoiselles plus masculines que soi est une expérience à part ; étrange de partager quelques instants d'intimité avec des jeunes filles que l'on ne connait pas bien. Intrigant, intéressant. Oh, attention, je ne considère pas mes connaissances lesbiennes comme des bêtes curieuses, loin de là! J'ai tout de même travaillé avec et pour elles ; mais justement, les fréquenter dans un contexte privé m'a passablement "amusé". Et puis bon, se rendre compte qu'on a les jambes proprement croisées quand la plupart de ses vis-à-vis ont plutôt l'air prompts à se gratter des couilles virtuelles, c'est toujours rigolo... :-) Mais bref, ma soirée "différente" ne faisait que commencer..!
Je suis donc rentré chez moi, plongé dans mes réflexions sur le fossé comportemental qui se manifeste parfois entre les adeptes de sexualités divergentes ; j'avais prévu, pour la suite, de rejoindre Antoine à une soirée organisée par MCM, soirée présentée par lui, dans le cadre d'une opération de promotion d'une nouvelle gamme de produits pour cheveux. Produits particuliers, il faut bien le dire : conçus dans l'optique d'être des vecteurs de rapprochement entre les personnes, on y trouve, entre autres, un gel enrichi aux...phéromones. Si si. Ne riez pas. Organisée dans une jolie salle au bord du canal, je m'étais dit que la petite sauterie pouvait être amusante, voire burlesque... Soirée hétéro, bien entendu ; avec éléction de Mister Machin-Chouette à la clé, désigné par les donzelles présentes à l'aide de petits stickers à placarder sur lui. J'étais donc sensé me présenter à 22h sur place ; l'élection du gogo prévue pour minuit, je me disais que passer deux heures à grapiller des verres à l'open bar et à observer les hétéros dans leur milieu naturel pouvait s'avérer assez comique (car oui, les hétéros, eux, sont vraiment des bêtes curieuses, par moments...). C'est à ce moment-là qu'Antoine m'a prévenu qu'il ne terminerait pas à minuit, mais vraisemblablement à deux heures passées... Du coup, la perspective de passer quatre heures seul dans une soirée alors que je ne suis pas branché boîtes à la base, même avec un documentaire live sur les interactions sociales des hétérosexuels moyens... Je me suis dégonflé, un peu désolé, et nous avons convenu de nous retrouver directement chez Antoine après l'enregistrement, pour attaquer le but initial de ce samedi soir : lui colorer les cheveux en bleu. Seulement, comme dans la vie rien n'est jamais simple...
Vers une heure du matin, j'ai commencé à recevoir des messages d'un Antoine désespéré, piégé dans une soirée merdique qui n'en finissait pas, abandonné par son équipe technique, tremblant de nervosité et de ras-le-bol. Oh, et, accessoirement, ne sachant pas comment il allait regagner la civilisation. Je n'ai fait ni une ni deux, je me suis retroussé les manches et lavé les cheveux (n'y cherchez pas de lien de causalité, il n'y en a pas), et, à son signal, je suis allé l'arracher de cet enfer. Il était tout de même près de trois heures du mat', et le pauvre avait un bon paquet de stress et de frustration à évacuer. Heureusement, j'avais mon petit kit de survie : colo pour cheveux, chocolat au lait et Playstation..!
Opération sauvetage d'Antoine : succès.

Allez, on attaque la partie la plus branque! Quatre heures, à la télé, Rufus Wainwright reprend le concert de Judy Garland, et moi je malaxe joyeusement (et avec des gants de vaisselle oranges) la tignasse de mon hôte, martyrisant boutons et petites plaies au Décoloril. S'ensuit une décolo des favoris à la brosse à dents, un emballage de tête artisanal en papier alu, et une initiation de la victime aux jeux vidéos. Expérience intense s'il en est! Enfin, j'avais tout de même pris mes précautions en choisissant un jeu estampillé Disney pour appâter la bête ; et, si les débuts furent laborieux, Antoine a fini par apprivoiser doucement la machine. Reste à voir ce qu'il aura retenu d'ici à la prochaine séance! En tout cas, rires et bonne humeur étaient au rendez-vous... Une deuxième décolo pour essayer d'atténuer la teinte orangée héritée de son châtain foncé naturel, et nous nous sommes écroulés, épuisés par les relents d'ammoniaque et les joyeusetés de la soirée écoulée. Il faut dire qu'il était tout de même 6h30. Ahem.
Le lendemain midi, après une excursion incognito chez le boulanger, rebelote! Une dernière décolo pour étouffer dans l'oeuf toute éventuelle rébellion capillaire, et en route pour le bleu! Gants de vaisselle obligent, je n'ai pas vraiment maîtrisé l'engin, et je me demande d'ailleurs si ce pot de colo était de première fraîcheur... Résultat en demi-teinte : à la place du bleu escompté, un joli vert-turquoise-blondinet assez sympa ; un petit quelque chose de cyber-punky à la Cinquième Élément. Malheureusement, un brin trop clair, et probablement destiné à disparaître dans la semaine... Mais, les dimanches étant ce qu'ils sont, difficile de faire quoi que ce soit de plus dans l'immédiat. Ce qui m'a amené à passer une partie de mon lundi après-midi à courir les magasins un peu "déviants" à la recherche d'un deuxième pot de bleu pour entamer mon second sauvetage d'Antoine! Oh, parce qu'évidemment, le magasin d'où venait le premier pot nous avait vendu le dernier... La loi de Murphy, ça vous dit quelque chose?
Enfin, aujourd'hui, mardi, j'ai finalement opté pour un "midnight blue" plus foncé, mais aussi plus à même sans doute d'adhérer aux cheveux rebelles de mon ami. Résultat, cet après-midi, mes petites mimines maladroites retrouvaient le chemin de son crâne, pour un pétrissage en règle. Sans gants, cette fois ; je me suis demandé si le caoutchouc ne retenait pas la couleur plus qu'autre chose... Et mon choix fut le bon : le bleu s'est appliqué très docilement, très couvrant, épais, je n'ai eu qu'à utiliser un demi-pot pour colorer le tout. Ma main droite et ses ongles porteront encore sans doute quelques jours les stigmates de ce mardi après-midi, mais à quelque chose malheur est bon : Antoine a désormais les cheveux d'un magnifique bleu irisé, qui oscille entre des reflets turquoises et des zones plus foncées, façon plume de paon. Et, croyez-moi, ça lui va très, très bien!

Qui a dit "tout ça pour ça"? Oui, c'est vrai. J'ai beaucoup blablaté pour pas grand chose ; j'ai tapé une putain de tartine pour raconter des choses qui, fondamentalement, n'intéressent personne. C'est peut-être juste qu'il est des choses et des personnes auxquelles on tient, et que certains événements, si petits soients-ils, si insignifiants qu'ils puissent paraître, arrivent à vous donner le sourire pour la semaine. Ce sont ces moments magiques à collectionner que je voulais évoquer ce soir. Si vous lisez ce blog, vous faites probablement partie de ces personnes spéciales, de celles à qui je veux prouver, si besoin est, que je suis heureux qu'elles fassent partie de ma vie. De près, ou de loin. De celles dont, malgré le temps qui passe, je ne me lasse pas. Si vous lisez ce blog, vous le savez probablement déjà ; mais il est bon, parfois, de rappeler les évidences.

jeudi 28 août 2008

Biotope

n.m. (écologie) : Ensemble d'éléments caractérisant un milieu physico-chimique déterminé et uniforme qui héberge une flore et une faune spécifique.

Vous le connaissez certainement. Vous le fréquentez même peut-être ; si ça tombe, vous l'appréciez. En tout cas, si vous êtes homosexuel, vous ne pouvez qu'y avoir été confronté, au moins une fois dans votre vie. (Ou alors vous êtes soit sacrément refoulé et vous cocoonez dans le placard, soit vous habitez une île déserte - et vous ne lisez donc pas mon blog. En ce cas, je ne vous parle pas, à vous. Là.) Dans la majorité des endroits francophones que je connaisse, on l'appelle tout simplement "milieu". Le milieu gay, pour être plus précis. Dénomination intéressante s'il en est, d'ailleurs ; avez-vous déjà entendu parler d'un "milieu hétéro"? Une drôle d'étiquette ghettoïsante, pour nous qui clamons et réclamons l'égalité. Soit, ce débat n'est pas à l'ordre du jour (et ne le sera probablement jamais, je m'en fous un peu ; je n'ai pas de revendications particulières à ce sujet).

Quand on parle milieu, ça m'évoque plutôt un carcan auto-imposé, une masse de gens assumant à des degrés divers leur sexualité "hors-norme", une localisation plus ou moins géographiquement entendue où nous évoluons en terrain conquis. Le milieu, c'est tout ça, et plus encore. Le milieu, c'est une bénédiction pour la provinciale qui vient s'encanailler le temps d'un week-end, un cauchemar pour le mal-fichu et le trop gros, une ineptie pour le déviant. Car, il faut bien le dire, le milieu formate, le milieu tue la volonté, le milieu ne permet d'affirmer qu'une chose : sous toutes ces différences qui devraient nous caractériser et que nous tentons de mettre en avant pour nous démarquer du voisin, nous sommes tous pareils. Nous sortons tous au même "endroit", même s'il est vaste. Nous y faisons tous la même chose, avec plus ou moins de conviction, plus ou moins d'implication. Nous sortons. Nous croisons untel, et untel, et tout un paquet d'untels ; toujours les mêmes, d'une semaine à l'autre. Nous avons les mêmes "conversations". Nous buvons. Nous dansons, parfois. Nous baisons. Et nous recommençons.
J'entends d'ici les "Oui mais on ne sort pas pour causer philosophie!". J'entends bien. Moi non plus. Je ne dis pas que c'est ce qu'il faut faire ; d'ailleurs je ne dis rien, je n'ai rien à dire. Je m'étonne. Je réfléchis. J'analyse. Je découvre avec effroi les effets de cette autarcie nécrosante dans laquelle nous baignons. J'encaisse l'hypocrisie ambiante, les secrets, les on-dits, les rumeurs, les ragots dont se délecte une société à part qui se parfume à l'élitisme. J'appréhende la consanguinité des idées et du sexe, qui menace les chantiers sentimentaux. Je constate, enfin, qu'au bout du compte, on est tous seuls, dans le milieu.

"Ah, le petit con, écoutez-le cracher sur ce milieu qu'il fréquente assidûment depuis deux ans." Oh, mais je ne crache pas, j'ai horreur de ça. Je ne dénigre rien. Je remets mes pendules à l'heure, pour mieux réaliser ce qui ne me convient plus. Pour me dire que d'autres horizons s'avèreraient sans doute plus épanouissants pour moi. Le monde entier peut bien faire ce qu'il lui plait! Moi aussi. Et je me rends compte, peut-être un peu à l'extrême, que je ne fais pas forcément ce qui me convient, encouragé par une bonne louche de "on est vendredi, il faut que tu sortes", typiquement citadin et sans doute fort commun chez l'homosexuel que je suis.
"Ah, le petit con, il rejoint les rangs de ceux qui se gargarisent d'avoir "dépassé" le milieu, qui pètent plus haut que leurs culs et qui nous méprisent, nous, gays lambdas." Pas du tout. Je ne me prends pour rien, surtout pas pour ce que je ne suis pas. Je redécouvre mes valeurs. Je ne critique le mode de vie de personne ; je me fais mon opinion. Je repositionne mes attentes, mon angle d'attaque, et je m'apprête, le cas échéant, à n'effleurer que la surface.
"Ah, le petit con, alors qu'on l'a vu si souvent là et là!" Aviez-vous déjà remarqué? Je ne bois pas. Je reste souvent dans mon coin. Je n'ai pas d'"amis". J'entretiens conversations courtoises avec qui veut ; mais qu'ai-je rapporté chez moi une fois la porte refermée, si l'on omet le confort financier d'un ancien boulot de serveur? Pas grand chose, sauf exceptions. Et déceptions. Donner pour ne rien recevoir, se rendre compte de l'étroitesse d'esprit de certains, de la floraison en toutes saisons de relations à sens unique ; le sens du flattage de l'ego - pas le mien. Mesurez donc mon implication "là et là". Vous réaliserez peut-être que personne ne me connait, que je n'existe pas. Que si certains devaient lire ce post, j'existerais encore moins. Que je n'ai rien apporté à personne, et vice-versa. Alors? Alors, je tire mes conclusions. Appelez-moi aigri, frustré, jaloux, je m'en contrefous. Je me fais du bien, merci, et je trouve ailleurs ce qu'il me faut pour le faire.

Saviez-vous qu'au siècle dernier, le mot "milieu" désignait le crime organisé dans la langue française? Maintenant, on dit "grand banditisme". C'était ma petite touche acide du soir, bonsoir.

lundi 18 août 2008

Lettre ouverte à un amant potentiel

Cher jeune homme,
(car oui, vous êtes encore vert, et vous êtes indéniablement un homme)

Tout d'abord, je ne suis pas celle que vous croyez. Ça nous évitera les quiproquos. Mais vous, qui êtes-vous? Oh, je vous connais à peine, voyons. Vous pourriez être n'importe qui ; vous pourriez être l'inconnu qui répond aux sourires dans la rue ; vous pourriez être celui qui me regarde par-dessus son café ; vous pourriez être un ami, avant d'être un amant. Vous pourriez avoir mille visages. Mais vous n'en auriez qu'un, lorsque j'aurais franchi vos barrières, lorsque j'aurais fait de vous le seul que je regarde avec ces yeux-là. Je ne vous placerais pas sur un piédestal, je ne ferais pas de vous un idéal, je ne ferais pas de vous l'achèvement de ma vie. Vous seriez mon égal, mais pas comme pourrait l'être mon voisin de palier. Vous seriez le catalyseur de mes sentiments, le point convergent. Vous seriez quelqu'un dont le prénom rime avec passion, découverte, création. Avenir. Et, si le coeur vous en dit, vous seriez quelqu'un dont le nom rime avec amour ; et je vous appellerais bonheur.

Certes, c'est moi qui vous écris, mais nous serions deux. Ce serait une correspondance assidue, des lettres chaque jour, et des timbres Prior. Stephen McCauley vous appellerait "L'objet de mon affection", j'en serais simplement votre fournisseur officiel. Nous serions amoureux, communistes, glasnost à tous les étages. J'aurais pour but de vous rendre heureux, autant que possible, du mieux que je pourrais. Je voudrais savoir que le soir, en me coulant dans vos bras, votre tête est à l'endroit, et qu'en prime elle fonctionne ; je voudrais savoir qu'en vous quittant, nous songeons tous les deux aux retrouvailles prochaines. Je voudrais être celui qui vous épaule, celui qui vous protège, celui qui vous réchauffe. Je voudrais être celui qui vous donne le sourire. Je voudrais aussi, dans cette lettre, ne pas être niais et pourtant je le suis ; ne pas me vautrer lascivement dans ces lieux communs qui me répugnent tant. Mais allez donc parler d'amour, vous, qui ne dites rien.

Je voudrais surtout vous signifier par la présente, très cher jeune homme, que je vous aime déjà. Vous ne le saviez pas encore ; nous ne nous sommes probablement jamais rencontrés. Sachez que je ne suis ni à prendre, ni à laisser. Je suis juste moi, soyez juste vous. Le reste fera le reste ; il est très doué pour ça. Si d'aventure nous nous connaissions, faites-le moi savoir. J'ai beaucoup de choses à vous dire.

Veuillez agréer, jeune homme, l'expression de mes sentiments distingués.