vendredi 26 septembre 2008

Echographie.

Si vous m'observiez au quotidien, vous ne pourriez pas franchement dire que je bosse. Mes blocs à dessin sont plus souvent empilés au bout de la table que sous mes yeux ; mes crayons ne sont jamais loin, mais pas forcément dans ma main. Je passe beaucoup de temps allongé dans le clic-clac à regarder le plafond. Ce qui est intéressant, évidemment (pour peu que je vous intéresse, cela va sans dire), ce n'est pas ce que je donne à voir, mais plutôt ce qui se passe en interne, dans les coulisses. Mon cerveau joue à guichets fermés en ce moment ; enfin, quand je dis "joue"... Ce sont plutôt des répétitions effrénées, des essais costumes et des castings enfiévrés. J'ai ce projet qui grandit, grandit, qui pousse, qui donne tout, pour que ce monsieur encravaté de la prod' l'engage. J'ai l'impression d'être enceint, et la gestation est longue, le travail ne se fait pas sans peine. Cette BD, car il s'agit bel et bien d'une BD, me demande beaucoup de réflexion, je tâtonne, je cherche ; l'humour, ce n'est pas donné à tout le monde. Je manque de confiance en mon travail ; pas en mon projet, mais plutôt en mes capacités, et ça me freine. Alors je réfléchis, je peaufine, je regarde le plafond et je potasse mon scénario, mes personnages, mes situations, mes décors... Je bosse. Sans en avoir l'air. Il se pourrait bien que je perde les eaux d'ici peu ; soyez assurés que vous en serez les premiers avertis.

Je vous passe pour le moment l'ordre du jour de la réunion qui a lieu dans la pièce "Moral et événements intimes divers", ça fera très probablement l'objet d'un post à venir prochainement. Je préfère essayer de me concentrer sur mon boulot pour le moment, ça évitera de devoir provoquer la naissance si je veux que ce dossier parte pour la fin octobre...

"Look at my baby and meee!"

mercredi 3 septembre 2008

Gentille

"Un jour, je serai gentille
Ronce épineuse
Froide comme un frigo vide
Une vraie saloperie que j'suis"

...Avez-vous déjà eu l'impression d'être trop gentil? Je ne parle pas d'être bête, ou d'être trop con ; pas non plus de se faire avoir par le reste du monde. Plutôt de cette sensation de se couper en quatre, de penser aux autres, de vouloir faire plaisir. Je ne parle pas non plus d'être trop gentil au point de s'oublier soi-même, et de vivre sa vie par procuration (air connu).

"Tout pour mal faire
Langue de vipère
Vas-y que j't'écrase tes doigts par terre
Vas-y que j'prie pour qu't'aies d'la haine"

Non, c'est plus compliqué. J'avoue, j'ai du mal à mettre de l'ordre dans mes idées, plus de mal encore à les retranscrire. Peur de trop en faire en voulant bien faire? Il y a sans doute de ça. Je crois pouvoir affirmer que je suis gentil. N'y voyez pas de prétention ; si je me permets de tenir de tels propos, c'est parce que j'ai bien conscience que c'est dans ma nature. Comme d'autres peuvent affirmer qu'ils sont égoïstes, ou gourmands. Moi, je sais que je suis gentil. Parce que je ne sais pas comment on fait pour être autrement.

"La méchanceté chez moi c'est inné
J'ai qu'à me laisser aller et hop
J'ai ça dans le sang, c'est génital"

Mais, quand on trouve sa vie un peu bancale, quand on ne sait pas trop vers quel rivage on vogue, comment gère-t'on le fait d'être gentil..? Je n'ai pas peur de ma gentillesse, mais de ses conséquences. Peur d'être harcelant, peur de trop donner, de déborder, de dégouliner, d'être trop attentionné. Peur d'être trop gentil. Si si.

"Mon père c'est Satan
Et ma mère, et ben c'est ma mère
Elle est pas connue"

Vous me direz probablement qu'on ne peut pas être trop gentil. Ou alors on est con. Tant qu'à être prétentieux, je suis peut-être con par moments et dans certains domaines, mais pas à ce point-là. Vous me direz aussi que c'est toujours mieux que d'être méchant. Certes!

"Un jour je serai gentille
J's'rai comme un baba au rhum
Liquoreuse, que j's'rai, un vrai poème
Une belle glace à la gentilly"

En fait, je crois que j'ai sans doute un peu peur de moi. Peur de la précarité des choses, peur de faire des erreurs. Peur de basculer, peur de perdre. J'aime mon monde ; alors s'il vous plait, si un jour vous deviez trouver un sens aux paroles ci-dessus, dites-le moi. "Flo. Tu es trop gentil." Je le saurai ; et vous m'aiderez à me construire. Je vous en remercierai. Vraiment.

"Un jour, je serai gentille."

"Gentille", Pascaline Hervéet, pour les Elles.



Découvrez !

...C'toi le perroquet.

...Si j'te l'dis!

mardi 2 septembre 2008

A surrealistic evening.



...Tout a commencé samedi soir. A priori, rien d'étrange ne m'attendait au tournant ; rien de plus que d'habitude, du moins. Et pourtant... Certes, on ne me consacrera jamais un épisode d'X-Files, pas même un petit entrefilet dans la rubrique "insolite" d'un quelconque canard local. Mais j'ai tout de même, de mon point de vue, passé quelques heures délicieusement décalées, un peu hors du temps, et l'expérience était plus qu'agréable. C'était de ces moments qui s'improvisent tout seuls, qui s'invitent dans votre quotidien sans prévenir et qui peinturlurent chaque minute qui passe couleur plaisir. Vous me trouverez fort probablement anecdotique, et je doute que l'on puisse saisir l'intensité de ces petits moments de bonheur par clavier interposé. Mais à quoi me sert mon blog, si ce n'est à raconter ma vie? Et j'aime autant, quand c'est possible, vous faire part de ma bonne humeur. Enjoy!

Tout a commencé, disais-je, samedi soir, vers 19h. J'ai entamé ma soirée par un gentil petit verre chez une amie, lesbienne de son état. Se retrouver entouré de demoiselles plus masculines que soi est une expérience à part ; étrange de partager quelques instants d'intimité avec des jeunes filles que l'on ne connait pas bien. Intrigant, intéressant. Oh, attention, je ne considère pas mes connaissances lesbiennes comme des bêtes curieuses, loin de là! J'ai tout de même travaillé avec et pour elles ; mais justement, les fréquenter dans un contexte privé m'a passablement "amusé". Et puis bon, se rendre compte qu'on a les jambes proprement croisées quand la plupart de ses vis-à-vis ont plutôt l'air prompts à se gratter des couilles virtuelles, c'est toujours rigolo... :-) Mais bref, ma soirée "différente" ne faisait que commencer..!
Je suis donc rentré chez moi, plongé dans mes réflexions sur le fossé comportemental qui se manifeste parfois entre les adeptes de sexualités divergentes ; j'avais prévu, pour la suite, de rejoindre Antoine à une soirée organisée par MCM, soirée présentée par lui, dans le cadre d'une opération de promotion d'une nouvelle gamme de produits pour cheveux. Produits particuliers, il faut bien le dire : conçus dans l'optique d'être des vecteurs de rapprochement entre les personnes, on y trouve, entre autres, un gel enrichi aux...phéromones. Si si. Ne riez pas. Organisée dans une jolie salle au bord du canal, je m'étais dit que la petite sauterie pouvait être amusante, voire burlesque... Soirée hétéro, bien entendu ; avec éléction de Mister Machin-Chouette à la clé, désigné par les donzelles présentes à l'aide de petits stickers à placarder sur lui. J'étais donc sensé me présenter à 22h sur place ; l'élection du gogo prévue pour minuit, je me disais que passer deux heures à grapiller des verres à l'open bar et à observer les hétéros dans leur milieu naturel pouvait s'avérer assez comique (car oui, les hétéros, eux, sont vraiment des bêtes curieuses, par moments...). C'est à ce moment-là qu'Antoine m'a prévenu qu'il ne terminerait pas à minuit, mais vraisemblablement à deux heures passées... Du coup, la perspective de passer quatre heures seul dans une soirée alors que je ne suis pas branché boîtes à la base, même avec un documentaire live sur les interactions sociales des hétérosexuels moyens... Je me suis dégonflé, un peu désolé, et nous avons convenu de nous retrouver directement chez Antoine après l'enregistrement, pour attaquer le but initial de ce samedi soir : lui colorer les cheveux en bleu. Seulement, comme dans la vie rien n'est jamais simple...
Vers une heure du matin, j'ai commencé à recevoir des messages d'un Antoine désespéré, piégé dans une soirée merdique qui n'en finissait pas, abandonné par son équipe technique, tremblant de nervosité et de ras-le-bol. Oh, et, accessoirement, ne sachant pas comment il allait regagner la civilisation. Je n'ai fait ni une ni deux, je me suis retroussé les manches et lavé les cheveux (n'y cherchez pas de lien de causalité, il n'y en a pas), et, à son signal, je suis allé l'arracher de cet enfer. Il était tout de même près de trois heures du mat', et le pauvre avait un bon paquet de stress et de frustration à évacuer. Heureusement, j'avais mon petit kit de survie : colo pour cheveux, chocolat au lait et Playstation..!
Opération sauvetage d'Antoine : succès.

Allez, on attaque la partie la plus branque! Quatre heures, à la télé, Rufus Wainwright reprend le concert de Judy Garland, et moi je malaxe joyeusement (et avec des gants de vaisselle oranges) la tignasse de mon hôte, martyrisant boutons et petites plaies au Décoloril. S'ensuit une décolo des favoris à la brosse à dents, un emballage de tête artisanal en papier alu, et une initiation de la victime aux jeux vidéos. Expérience intense s'il en est! Enfin, j'avais tout de même pris mes précautions en choisissant un jeu estampillé Disney pour appâter la bête ; et, si les débuts furent laborieux, Antoine a fini par apprivoiser doucement la machine. Reste à voir ce qu'il aura retenu d'ici à la prochaine séance! En tout cas, rires et bonne humeur étaient au rendez-vous... Une deuxième décolo pour essayer d'atténuer la teinte orangée héritée de son châtain foncé naturel, et nous nous sommes écroulés, épuisés par les relents d'ammoniaque et les joyeusetés de la soirée écoulée. Il faut dire qu'il était tout de même 6h30. Ahem.
Le lendemain midi, après une excursion incognito chez le boulanger, rebelote! Une dernière décolo pour étouffer dans l'oeuf toute éventuelle rébellion capillaire, et en route pour le bleu! Gants de vaisselle obligent, je n'ai pas vraiment maîtrisé l'engin, et je me demande d'ailleurs si ce pot de colo était de première fraîcheur... Résultat en demi-teinte : à la place du bleu escompté, un joli vert-turquoise-blondinet assez sympa ; un petit quelque chose de cyber-punky à la Cinquième Élément. Malheureusement, un brin trop clair, et probablement destiné à disparaître dans la semaine... Mais, les dimanches étant ce qu'ils sont, difficile de faire quoi que ce soit de plus dans l'immédiat. Ce qui m'a amené à passer une partie de mon lundi après-midi à courir les magasins un peu "déviants" à la recherche d'un deuxième pot de bleu pour entamer mon second sauvetage d'Antoine! Oh, parce qu'évidemment, le magasin d'où venait le premier pot nous avait vendu le dernier... La loi de Murphy, ça vous dit quelque chose?
Enfin, aujourd'hui, mardi, j'ai finalement opté pour un "midnight blue" plus foncé, mais aussi plus à même sans doute d'adhérer aux cheveux rebelles de mon ami. Résultat, cet après-midi, mes petites mimines maladroites retrouvaient le chemin de son crâne, pour un pétrissage en règle. Sans gants, cette fois ; je me suis demandé si le caoutchouc ne retenait pas la couleur plus qu'autre chose... Et mon choix fut le bon : le bleu s'est appliqué très docilement, très couvrant, épais, je n'ai eu qu'à utiliser un demi-pot pour colorer le tout. Ma main droite et ses ongles porteront encore sans doute quelques jours les stigmates de ce mardi après-midi, mais à quelque chose malheur est bon : Antoine a désormais les cheveux d'un magnifique bleu irisé, qui oscille entre des reflets turquoises et des zones plus foncées, façon plume de paon. Et, croyez-moi, ça lui va très, très bien!

Qui a dit "tout ça pour ça"? Oui, c'est vrai. J'ai beaucoup blablaté pour pas grand chose ; j'ai tapé une putain de tartine pour raconter des choses qui, fondamentalement, n'intéressent personne. C'est peut-être juste qu'il est des choses et des personnes auxquelles on tient, et que certains événements, si petits soients-ils, si insignifiants qu'ils puissent paraître, arrivent à vous donner le sourire pour la semaine. Ce sont ces moments magiques à collectionner que je voulais évoquer ce soir. Si vous lisez ce blog, vous faites probablement partie de ces personnes spéciales, de celles à qui je veux prouver, si besoin est, que je suis heureux qu'elles fassent partie de ma vie. De près, ou de loin. De celles dont, malgré le temps qui passe, je ne me lasse pas. Si vous lisez ce blog, vous le savez probablement déjà ; mais il est bon, parfois, de rappeler les évidences.