Aujourd'hui, (enfin, hier, 2h30 là, tout de même) c'est dimanche. J'ai tendance à haïr les dimanches ; je n'ai jamais compris comment une personne normalement constituée pouvait se sentir bien, sereine, enjouée, un dimanche. Les dimanches sont gris quel que soit le temps ; les dimanches sont morts, même les veilles de jours fériés ; les dimanches transpirent la morosité par tous les pores, et c'est vraiment dégueulasse. Mais ce dimanche-ci me fait légèrement revoir ma copie. Je sais d'expérience que je ne suis pas le seul à cribler les dimanches de fléchettes sur les calendriers, alors enfilez un tablier, lavez-vous les mains (ben oui, tout d'même), et direction les fourneaux, que je vous file la recette d'un dimanche après-midi moins raté que d'habitude!
Il était 14h quand je me suis installé dans l'atelier. Il faut savoir que chez nous, "l'atelier" est un bel euphémisme : certes, il y a deux bureaux, un canapé, une garde-robe alternative, une machine à coudre, un scanner, une imprimante, des caisses entières de mes gribouillis, mais tout ce qu'on y développe...c'est le désordre. Soit! L'atelier est aussi la seule pièce, hormis la cuisine, qui ne donne pas sur le boulevard... Et honnêtement, je me vois assez mal passer un dimanche après-midi dans ma cuisine, aussi fonctionnelle qu'impersonnelle. Ou alors j'ai des tendances suicidaires. La fenêtre légèrement ouverte sur un ciel jaune magnifiquement orageux, allongé sur le canapé, le chat ronronnant sur les genoux, je me suis répété les conseils et suggestions prodigués plus tôt ce jour-là par un ami, un qui me veut du bien. Ce que m'a dit Antoine cet après-midi, alors que je m'apprêtais à lui parler de son site que je vais développer, m'a fait envisager et imaginer des choses que je croyais avoir un peu oubliées, ou du moins perdues de vue. En fait, ses remarques ont agrandi mon champ de vision sur l'avenir, champ de vision un brin occulté ces derniers temps. C'est fou comme le chômage, les soucis, le quotidien, peuvent prendre le pas sur la passion. Fou d'oublier à quel point on aime ce qu'on fait et qu'arriver quelque part nécessite qu'on s'investisse et qu'on y mette du sien ; fou de se rendre compte que pour un peu, on en oublierait d'imaginer. Alors, ce dimanche après-midi pas comme les autres, je me suis coulé dans le vieux canapé de l'atelier, et j'ai laissé monter.
Tu vas où, Flo? Un site c'est bien, des flyers pour des soirées lesbiennes c'est juste bon pour avoir de quoi remplir le frigo. Tu n'oublierais pas ce qui t'a poussé à faire des études d'infographie? Tu n'oublierais pas les projets, les folies, les collectifs, les sourires, les heures passées plié en deux sur ta table lumineuse? Tu n'oublierais pas le pied que tu prends à te retourner sur un boulot terminé, et les frissons à chaque projet que tu t'échines à faire grandir comme un gamin? La fébrilité de l'idée qui germe, les notes à la volée, l'imagination qui s'emballe et les pédales qui se perdent? Le bonheur de se désespérer sur quelque chose que t'aimes?
Il était 14h quand je me suis installé dans l'atelier. Il faut savoir que chez nous, "l'atelier" est un bel euphémisme : certes, il y a deux bureaux, un canapé, une garde-robe alternative, une machine à coudre, un scanner, une imprimante, des caisses entières de mes gribouillis, mais tout ce qu'on y développe...c'est le désordre. Soit! L'atelier est aussi la seule pièce, hormis la cuisine, qui ne donne pas sur le boulevard... Et honnêtement, je me vois assez mal passer un dimanche après-midi dans ma cuisine, aussi fonctionnelle qu'impersonnelle. Ou alors j'ai des tendances suicidaires. La fenêtre légèrement ouverte sur un ciel jaune magnifiquement orageux, allongé sur le canapé, le chat ronronnant sur les genoux, je me suis répété les conseils et suggestions prodigués plus tôt ce jour-là par un ami, un qui me veut du bien. Ce que m'a dit Antoine cet après-midi, alors que je m'apprêtais à lui parler de son site que je vais développer, m'a fait envisager et imaginer des choses que je croyais avoir un peu oubliées, ou du moins perdues de vue. En fait, ses remarques ont agrandi mon champ de vision sur l'avenir, champ de vision un brin occulté ces derniers temps. C'est fou comme le chômage, les soucis, le quotidien, peuvent prendre le pas sur la passion. Fou d'oublier à quel point on aime ce qu'on fait et qu'arriver quelque part nécessite qu'on s'investisse et qu'on y mette du sien ; fou de se rendre compte que pour un peu, on en oublierait d'imaginer. Alors, ce dimanche après-midi pas comme les autres, je me suis coulé dans le vieux canapé de l'atelier, et j'ai laissé monter.
Tu vas où, Flo? Un site c'est bien, des flyers pour des soirées lesbiennes c'est juste bon pour avoir de quoi remplir le frigo. Tu n'oublierais pas ce qui t'a poussé à faire des études d'infographie? Tu n'oublierais pas les projets, les folies, les collectifs, les sourires, les heures passées plié en deux sur ta table lumineuse? Tu n'oublierais pas le pied que tu prends à te retourner sur un boulot terminé, et les frissons à chaque projet que tu t'échines à faire grandir comme un gamin? La fébrilité de l'idée qui germe, les notes à la volée, l'imagination qui s'emballe et les pédales qui se perdent? Le bonheur de se désespérer sur quelque chose que t'aimes?
Si. J'avais un peu oublié, sans doute.
Alors j'ai regardé le plafond dans ses moindres fissures, et j'ai senti des bulles d'imagination m'emplir le crâne. Des embryons de projets, des idées, des univers, des personnages, des dessins animés, des courts, des strips, des couleurs et des mots, Chantal Goya sur une balançoire et Mylène Farmer en prof de tenues diaphanes, la travelotte la plus pimbêche du monde et, accessoirement, j'ai trouvé que mon chat est quand même vachement lourd, à la longue. J'ai même piqué du nez, histoire de bien fixer le tout sur mes parois craniennes survoltées. Et je sens que ce soir, sur mon oreiller, je vais détailler la carte fluviale des fissures entre le lustre et la tringle à rideaux. Je ne me suis plus senti aussi plein et confiant depuis longtemps ; merci..!
Bref... Il est tout de même 3h15, et demain est un autre jour. Demain, on dira au revoir à Rubis pour la dernière fois, et je sens que la journée sera longue. Je vais me glisser dans mes univers potentiels en même temps que dans mes draps ; je me sens serein.
Bref... Il est tout de même 3h15, et demain est un autre jour. Demain, on dira au revoir à Rubis pour la dernière fois, et je sens que la journée sera longue. Je vais me glisser dans mes univers potentiels en même temps que dans mes draps ; je me sens serein.